Haru sursaute lorsqu'il entend son prénom. Lorsqu'il se retrouvait en public, qu'il croisait des groupes de personnes d'un peu trop près, il avait l'impression de perdre le contrôle sur son corps et tout ce qui l'entourait. C'est comme s'il disparaissait dans sa tête le temps de se calmer pour éviter d'affronter ce qui l'effrayait; les foules. Évidemment, ça lui donnait l'air un peu bête puisqu'il restait immobile, les mains fixées sur sa tête et légèrement tremblantes. C'est quelque chose qu'il aurait préféré éviter de faire devant Eric mais ce dernier avait insisté pour marcher... C'est un risque qu'il avait pris. Comment pouvait-il espérer lui faire bonne impression après cet incident?
Son corps se tend brusquement en sentant la mains sur son épaule avant de se détendre soudainement en rélisant qu'il s'agissait de l'australien. Haru ouvre la bouche pour lui répondre mais aucun son ne sort. Il pose finalement sa main sur celle de Eric en secouant légèrement la tête mais avant de trouver la force de répondre quoi que ce soit, le jeune homme lui prend la main et l'entraîne à l'écart. Soit il avait compris que Haru n'aimait pas les foules, soit il ne voulait pas que les gens les regardent comme des bêtes de cirque. Le japonais force un sourire sur son visage.
Excuse moi.
Il réalise alors que Eric tient toujours sa main et son coeur se met à se battre plus vite que jamais. Comment allait-il survivre à cette journée si haute en émotion? Incapable de réfléchir correctement, il dit exactement le fond de sa pensée à voix haute:
Il s’excuse mais ce n’est pas ce que je voulais entendre. Je n’ai pas besoin d’excuse et il n’a pas à en faire s’il se sent mal. Ce qui me rassure, c’est qu’il a retrouvé l’usage de la parole. J’imagine que ça veut dire qu'il se sent mieux ? Je le trouve quand même un peu pâle. Haru essaie de se montrer rassurant et un léger rire m’échappe quand il me dit qu’il se sent mieux maintenant que je lui tiens la main. J’imagine qu’un contact physique l’aide à retrouver son calme. D’ailleurs qu’est-ce qui lui est arrivé ? Une crise d’angoisse ? Une sorte de malaise ? « Est-ce que ça va aller ? Ou tu préfères qu’on appelle ton chauffeur pour qu’il te ramène chez toi ? » Après tout, nous ne sommes pas obligés de visiter la galerie de sa mère tout de suite, surtout s’il risque de faire une autre crise. En attendant qu’il me réponde, je garde ma main dans la sienne. Ce n’est pas quelque chose qui me gêne. Je suis d’une nature tactile et j’ai toujours été très proche de mes amis en Australie. Ici, au Japon, c’est différent. Les gens sont plus froids, plus distant et ne se touchent pas vraiment. D’ailleurs je vois bien quelques passants nous adresser des regards mais j’avoue que je m’en fiche un peu. Je n’ai jamais vraiment eu peur du regard des autres et surtout pas d’inconnu que je ne reverrais jamais. En plus si ça fait du bien à Haruto, c’est le plus important.
Eric rit lorsque Haru reprend enfin la parole mais ça ne semble pas être un rire moqueur. Il trouve même le moyen de sourire pour lui prouver qu'il ne disait pas n'importe quoi. Malheureusement, il n'avait pas réussi à faire bonne impression. Il ne savait même pas si l'australien était interressé par les hommes mais il voulait tout de même lui prouver qu'il en était un vrai. Un homme, ou un ami, sur lequel il pouvait compter. Haruto n'était pourtant pas parvenu à maîtriser sa phobie et il n'était pas encore prêt à la révéler. Ça rendait les relations trop compliquée. Qui voulait être ami avec une personne qui ne tolérait pas les endroits publics? Qui préférait rester dans sa chambre, seul ou en tête à tête uniquement? Certainement pas Eric. Même s'ils ne se connaissaient que très peu, le japonais avait rapidement remarqué que le jeune homme était un papillon social qui aimait les aventures. C'est pour cette raison que Haru secoue légèrement la tête en entendant ses questions.
N-non ça va... C'était simplement un malaise passager mais je vais beaucoup mieux.
Son regard se pose sur sa main et celle de Eric qu'il tient toujours. Les gens commencent à trouver leur proximité étrange et leurs regards insupportent Haru qui vient tout juste de se remettre de son inconfort. Hors de question de renouveler l'expérience et puis, il ne voulait pas rendre Eric inconfortable. Doucement, il retire sa main, lui donnant une tape amicale sur l'épaule qui n'a absolument rien de naturel.
On y est presque de toute façon. Viens c'est juste là.
Il pointe un immeuble un peu plus élevé que les autres plus loin et reprend sa marche, se concentrant sur la destination plutôt que ce qui l'entourait.
Ce n’était qu’un malaise ? Vraiment ? J’acquiesce d’un signe de la tête tout en souriant. Je n’ai aucune raison de douter de ses paroles et si ça va mieux alors, nous pouvons continuer surtout si nous sommes tout près.
C’est Haru qui rompt le contact physique entre nous. J’espère que mon geste ne l’a pas mis à mal à l’aise. J’ai tendance à être tactile avec mes amis ou mes proches. En Australie ce n’est pas vraiment un problème et puis mon entourage à l’habitude mais ici, je peux comprendre que ça soit mal perçu. La culture, les traditions, la société en elle-même est bien différente.
Haru pointe un immeuble du doigt et j’acquiesce à nouveau. Il semble effectivement tout près. Je le laisse me tirer doucement par la manche et quelques minutes plus tard nous y sommes sans qu’aucun nouvel incident ne soit survenu. J’imagine que ça va vraiment mieux maintenant. Haru a l’air d’avoir une santé fragile et c’est peut-être pour ça qu’il se déplace avec un chauffeur ? « J’ai hâte de découvrir le travail de ta mère. Est-ce qu’elle sera là ? » Je me demande si Haru tient d’elle ou plutôt de son père. Je me demande également quel genre de femme c’est. Je l’imagine très différente de mes propres parents, mais peut-être parce que je suis plein de cliché sur les artistes qui pour moi ont forcément une vie un peu bohême.
Eric semble le croire lorsqu'il excuse un malaise. De toute façon, il n'avait aucune raison de penser autre chose. Ils ne se connaissaient pas et n'avait donc pas la moindre idée de la phobie presque maladive dont souffrait Haruto lorsqu'il était question de foule. Et le terme foule ne nécessitait pas un très grand nombre de personnes dans son cas.
Enfin, ils arrivent à la galerie d'art de sa famille. Il s'agit d'un lieu dans lequel le japonais est confortable et se sent en contrôle. Il entraîne donc Eric à sa suite, aggripant sa manche plutôt que sa main pour éviter de causer un malaise quelconque. Il ne s'attendait pas à ce que l'autre jeune homme soit aussi curieux concernant le travail de sa mère mais ça le rassurait. Haruto secoue la tête pour répondre à sa question.
Non, elle est sans doute dans son studio à travailler sur autre chose. Elle ne vient à la galerie que pour les évènements.
Ce qui était préférable pour éviter qu'elle ne questionne son fils concernant sa relation avec l'étranger. Sa mère se doutait de l'orientation de Haruto sans en avoir discuté ouvertement. Elle se doutait également que quelque chose s'était passé entre lui et un de ses étudiants qui avait, depuis, abandonné ses cours.
À cette heure de la journée, la galerie est plutôt tranquille alors il peut faire visiter Eric en paix. Elle n'était jamais bondée de toute façon, ce pourquoi il n'avait jamais peu d'y mettre les pieds.
Tu peux poser toutes tes questions. Je te montrerais mes toiles à la toute fin.
Quand Haru m’explique que je ne croiserais pas sa mère aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher de ressentir une pointe de déception, qui disparait aussitôt, même si je lui dis quand même : « Dommage, j’aurais bien aimé la rencontrer pour voir de qui tu tiens. » Haruto est joli garçon alors je suis certain que sa mère doit être très belle. D’ailleurs je me dis que s’il est si gentil, ses parents doivent l’être eux aussi. Après tout, les chiens ne font pas des chats, non ? Quoique mes parents sont très différents de mes grands-parents alors ça laisse à réfléchir même si je chasse rapidement toutes ces pensées de mon esprit pour me concentrer sur les tableaux qui nous entourent. « C’est la première fois que j’entre dans une galerie d’art. C’est un peu comme dans un musée. » L’atmosphère est étrange mais pas désagréable. J’imagine que ça vient de l’éclairage qui semble être adapté à chaque tableau. « J’ai envie de voir tes toiles tout de suite. Tu me les montres ? » Un large sourire est dessiné sur mes lèvres alors que je me demande quel genre de tableau je vais découvrir. Je connais à peine Haru mais je sens déjà un bon feeling entre nous, comme si nous étions amis de longue date. « En tout cas, je trouve qu’une galerie d’art a un côté romantique pour un premier rendez-vous, surtout si on veut être original. » Je suis certain que ce genre de sortie doit plaire aux demoiselles et que si Haru s’en donnait la peine, il aurait beaucoup de succès. Cela dit, il a l’air trop timide et réservé pour en jouer et je trouve que ça lui va bien, ça lui donne un certain charme. « J’en parlerais à ma sœur. Je suis sûr qu’elle adorait cet endroit. » Et la connaissant, elle serait capable de tomber sous le charme de mon nouvel ami.
Haru n'en est pas complètement certain mais il a l'impression que Eric est déçu lorsqu'il lui annonce que sa mère ne sera pas présente. Même si le jeune homme est entièrement hétérosexuel, il ne peut pas être intéressé par sa mère n'est-ce pas? Elle est bien plus vieille que lui et puis le japonais est persuadé qu'il a fait allusion à un rendez-vous avec lui alors la porte est certainement ouverte? Ou comme il semblait le dire, il s'intéressait à lui au point de vouloir rencontrer ses parents, déjà. Un sourire heureux apparaît sur les lèvres de Haru qui glisse une main dans ses cheveux, légèrement embarrassé par cette pensée.
La prochaine fois je... Je peux lui demander de passer.
Comme ça, il s'assure également qu'il y aura plus qu'une prochaine fois.
Ah oui, c'est comme un musée tu as raison.
Après tout, le principe est le même; afficher des oeuvres d'art. Eric mentionne vouloir ses toiles immédiatement et Haru le regarde avec surprise. Il n'a jamais été particulièrement fier de son travail. Pas qu'il n'avait aucun talent mais il n'était qu'un débutant avec une vision restreinte. Heureusement, l'australien n'avait pas mentionné être un expert alors il n'y verrait sans doute que du feu.
Ok c'est dans une section plus reculée, tu peux me suivre.
Il tressaillit légèrement lorsque Eric mentionne le romantisme de la galerie d'art ainsi que leur premier rendez-vous. Était-ce sa façon de lui dire qu'il passait un bon moment et que Haru avait bien pris les choses en main?
Je suis content que ça te plaise, ce n'est pas tout le monde qui apprécie ce genre d'endroit.
Ils arrivent enfin dans la section plus reculée où sont affichés trois de ses peintures. Il s'agissait principalement de paysages, beaucoup de fleurs abstraites, ainsi qu'une toile représentant une femme et un jeune garçon. Toujours embarrassé, il est heureux de pouvoir poursuivre sur un autre sujet.
Sa mère n’est pas là alors tant pis. Je la rencontrerais une prochaine fois. Ça me permettra de satisfaire ma curiosité au sujet de Haru. En attendant, je vais découvrir ses œuvres et j’ai hâte. Il m’indique qu’elles sont au fond de la galerie et je le laisse m’y guider, observant au passage les tableaux devant lesquels nous passons. « Moi j’aime cet endroit. » Même si c’est la première fois que je viens dans une galerie et que je peux concevoir que ça ne soit pas la tasse de thé de tout le monde. C’est calme et je comprends pourquoi Haru aime venir ici. En fait, il doit aimer les endroits calme avec peu de monde. Je ne le connais pas encore bien, mais je trouve que ça colle à sa personnalité, du moins à ce que j’ai pu en voir.
Quand je les vois, je les reconnais immédiatement. Ce sont forcément elles puisqu’elles ont l’air d’être dans un style différent des autres. Elles sont également placées différemment, un peu à l’écart et représentent des paysages bien qu’il y ait aussi un portrait. « C’est vraiment très beau… » Alors que je me perds dans la contemplation de ces œuvres, Haru me pose une question qui me surprend. « Ma sœur ? Non je ne crois pas. Ou alors elle ne m’en a pas parlé de peur que je veuille le rencontrer. Je te la présenterais à l’occasion. » Mais en attendant, je peux lui montrer une photo d’elle. Je sors mon téléphone portable et cherche une photo de nous avant de la montrer à Haru : « Il parait qu’on se ressemble. Elle est plus jeune que moi. Je ne sais pas si je te l’ai dit tout à l’heure, mais je suis venu au Japon pour la rejoindre. Elle fait ses études ici. Tu verras, elle est très gentille. » Et à choisir, je préférais qu’elle fréquente un garçon comme Haru qu’un de ses gars que je vois parfois sur les photos qu’elle publie sur ses réseaux sociaux. « Je dois justement la rejoindre pour prendre un verre avec elle et ses amis plus tard dans la semaine. Tu veux venir avec moi ? Comme ça, je me sentirais moins seul au milieu de tous ces étudiants. » Même si j'en connais déjà certains.
Haru ne pensait pas que Eric soit si déçu de ne pas rencontrer sa mère. Ce n'était pas un peu rapide alorsqu'ils venaient de faire connaissance? Les parents sont une étape importante mais peut-être que l'australien aimait bien faire les choses le plus tôt possible. Il est néanmoins ravi d'apprendre que ce dernier aime la galerie puisque ce n'est définitivement pas un endroit apprécié de tous. Haru le guide jusqu'à la section où se trouve ses propres toiles et, un peu embarrassé, il reste en retrait le temps de laisser Eric les observer un instant. Apparemment il les trouve jolies même s'il est possible qu'il ne le complimente que par politesse. Il sent ses joues s'enflammer et saute sur l'occasion pour changer de sujet en parlant de la soeur de l'autre jeune homme. Il ne demande que pour faire diversion mais l'australien mentionne aussitôt vouloir lui présenter. Décidemment, il voulait rapidement inclure leurs familles respectives dans leur histoire qui ne fait pourtant que commencer. Il sourit en écoutant Eric raconter qu'il est au Japon pour être avec elle. Haru devra la remercier à ce sujet.
Tu as de la chance, j'aurais aimé avoir un frère ou une soeur.
Du moins, c'est ce qu'il croit. Peut-être aurait-il été différent s'il n'avait pas été enfant unique. Haru est surpris par l'invitation de Eric et hésite à répondre. Aller prendre un verre signifie se rendre dans un bar... Un lieu généralement bondé. Il déglutit péniblement, ne désirant pas refuser l'invitation et risquer de perdre l'intérêt du jeune homme.
Un... Un verre. Euh oui... Bien sûr. Pourquoi pas!
Quand Haruto me dit que j’ai de la chance d’avoir une sœur, je ne peux m’empêcher de repenser à toutes ces fois, où nous nous disputions enfants. Il m’est arrivé de la détester mais en réalité je l’adore et je crois que tous les enfants se disputent à un moment avec leur frère ou leur sœur. Surtout pour des bêtises. Et puis nous n’avons pas beaucoup de différence d’âge, je crois que ça a joué. « J’imagine que tu dois te sentir seul en tant qu’enfant unique. » Certains le vivent bien, d’autres non, mais je sens beaucoup de sensibilité chez Haruto. J’imagine que c’est normal pour un artiste. Il est mignon et il donne envie de prendre soin de lui. C’est peut-être pour ça qu’il éveille mon côté protecteur et que j’arrive à me sentir proche de lui alors que nous venons à peine de nous rencontrer.
En tout cas, je suis content qu’il accepte mon invitation. Grace à lui, je me sentirais un peu moins seul au milieu des amis de ma sœur et puis, il avait l’air de s’intéresser à elle, certainement par curiosité mais au moins, il pourra la rencontrer et mettre un visage sur un nom. « Alors je t’appellerais pour te donner plus de détail. » Je lui souris avant de prendre mon téléphone portable pour activer l’appareille photo en mode selfie : « Est-ce que ça te dit qu’on se prenne une photo souvenir avant que je ne rentre ? » Parce qu’il commence à se faire tard et qu’en nous dirigeant vers la sortie, j’aurais bien assez de temps pour voir le reste des tableaux. De toute façon c’était ceux d’Haruto qui me faisaient le plus envie.
Est-ce que Haru se sentait seul? Il l'avait été toute sa vie, et l'est encore d'ailleurs, mais ressentait-il la solitude? N'ayant rien connu de mieux, c'était difficile pour lui de le confirmer. Il hésite un instant et sourit en secouant la tête.
Non je ne sais pas. Je pense que je ne suis pas doué avec les gens alors c'est peut-être mieux ainsi.
En étant enfant unique, il ne pouvait pas être comparé avec qui que ce soit et décevoir davantage son père. C'était sa façon de se rassurer même si en réalité, avoir eu un frère ou une soeur lui aurait sans doute permis de ne pas ressentir la pression de son paternelle et de devoir se cacher sous les jupes de sa mère en permanence.
Comme pour prouver qu'il n'était pas complètement asociale, Haru accepte l'invitation de Eric même si la perspective de se retrouver avec des inconnus dans un endroit public le terrifie. Son sourire se crispe légèrement et il acquiesce lorsque l'autre jeune homme lui dit qu'il l'apellera pour lui donner les détails. À ce moment, l'australien prend son téléphone et Haru le regarde avec curiosité, jusqu'à ce qu'il aperçoit le mode appareil photo. Son coeur se met à battre rapidement à l'idée de se rapprocher de Eric pour une photo. I
Un souvenir...? Bien sûr.
Il voulait donc se rapeller de ce premier rendez-vous! Haru s'approche maladroitement, s'assurant que son visage soit assez près de celui de l'autre jeune homme pour être dans le cadre. Ses mains sont moites et il ne sait pas quoi en faire alors que son sourire a quelque chose de forcé.
De ce qu’il me dit, il n’a pas l’air d’avoir trop souffert de la solitude. Tant mieux, dans le cas contraire, ça aurait été triste. Et puis j’imagine que quelque chose qu’on ne connait pas, ne peut pas nous manquer. En plus, Haru ne semble pas avoir manqué de quoi que ce soit tout en étant très loin du cliché du gosse de riche et j’en ai connu un certain nombre en Australie. C’est peut-être pour ça que je l’aime bien. Il est gentil et différent des autres.
Quand je lui propose de faire une photo, il semble surpris mais accepte. J’enclenche le mode selfie sur mon téléphone puis lui fait signe de s’approche. Parce qu’il n’est pas assez proche, je passe un bras autour de ses épaules et l’attire un peu plus contre moi, posant même ma tête contre la sienne. C’est mon côté tactile qui veut ça. Dès que j’adopte quelqu’un, je ne peux pas m’empêche d’entretenir une proximité physique avec mais je n’ai pas l’impression que ça le gêne, sinon il me l’aurait dit n’est-ce pas ?
Une fois la photo prise, je m’écarte et l’affiche sur l’écran avant de la montre à Haru : « Elle est bien, non ? Je te l’envoie, comme ça, tu auras aussi un souvenir de notre rencontre et ne t’inquiète pas, je ne publie jamais rien sur les réseaux sociaux. » Quand je poste quelque chose, c’est en général des paysages mais c’est tout. Je n’aime pas trop m’afficher.
Haru avait connait les plaisirs et les désagréments de la vie d'enfant unique. Il avait couvé et très gâté mais il avait également vécu beaucoup de solitude et subit, encore aujourd'hui, la pression de son père. Il ignore si sa vie aurait été plus simple avec un frère ou une soeur et il ne le saura jamais.
Il hésite à peine à se rapprocher de Eric lorsque celui-ci annonce vouloir prendre une photo. Il en profite pour se mettre le plus près possible même s'il est nerveux et qu'il craint que l'autre jeune homme le remarque. Il est néanmoins flatté de savoir qu'il désire immortalisé ce premier rendez-vous. C'est sans doute parce qu'il passe un bon moment, non? D'ailleurs, Haru ne semble pas être encore assez proche puisque Eric n'hésite pas à glisser son bras autour de ses épaules pour l'attirer contre lui, leur tête reposant l'une contre l'autre. Le coeur de l'artiste bat si vite qu'il a l'impression qu'il pourrait sortir de sa poitrine. Son corps frémit de plaisir au contact de l'autre jeune homme et il est impossible que celui-ci ne l'ait pas remarqué.
Eric prend finalement la photo et s'écarte même si Haru aurait bien aimé que ce moment ne prenne jamais fin. Il regarde à peine la photo, essayant plutôt de se remettre de ses émotions.
Oh je... Tu peux la publier si tu veux.
En fait, il aimerait bien qu'il s'affiche avec lui ouvertement mais il ne l'avouera pas. De toute façon, même si Haru avait des réseaux sociaux, il les utilisait très peu, se contentant de partager des photos de ses toiles de temps en temps. Il n'avait pas une vie sociale à tout casser étant donné sa phobie des foules.
Je vais la mettre comme fond d'écran.
Il affiche un sourire niais, ne ralisant pas que cet aveu pourrait paraître plutôt intense au vue des circonstances.
Je peux vraiment la publier ? Ce n’est pas mon genre mais c’est peut-être sa façon de me demander de parler de la galerie de sa mère et de ses tableaux. C’est vrai que ce serait l’occasion d’en faire la pub et comme j’ai vraiment aimé cette visite, ça ne me dérange pas de le faire. « Très bien, je vais le publier sur Insta. Je taguerais la galerie aussi pour en faire la publicité et puis je pourrais aussi te taguer si tu me donnes ton Insta. » Il verra en tout cas que je poste rarement des selfies de moi. Ce n’est pas mon genre mais je pourrais faire une exception pour cette photo qui semble d’ailleurs beaucoup plaire à Haru si j’en juge à ce qu’il me dit. « Vraiment ? Tu la trouves si jolie que ça ? » J’ai du mal à réprimer un léger rire en l’imaginant être son fond d’écran. Est-il a ce point vaniteux pour mettre une photo de lui en fond d’écran ? Peut-être que ça vient de son côté artiste ou qu’il la trouve particulièrement réussi ? « Je te prendrais encore en photo la prochaine fois si tu veux. En attendant, il faut que je rentre mais je te recontacterais pour que tu viennes prendre un verre avec moi lorsque je sortirais avec ma sœur et ses amis. »
Un sourire ravi apparaît sur le visage de Haru lorsque Eric accepte de la publier. Il disparaît cependant aussitôt lorsqu'il mentionne vouloir le taguer. Le japonais possédait bien un compte Instagram mais ce dernier était dépourvu d'intérêt. Il n'avait quelques photos de ses toiles ou de paysages et si peu de followers qu'il en était gêné. Il risquait de perdre la face devant l'autre jeune homme qui, pour sa part, devait être aussi populaire en ligne que dans la réalité. Il glisse une main dans ses cheveux par embarras, acquiesçant lentement.
Euh oui... Tu n'es pas obligé de me taguer par contre mais on peut se suivre.
Analyser le compte de Eric lui permettra sans doute d'apprendre à le connaître plus rapidement. Son sourire apparaît à nouveau lorsque ce dernier lui demande s'il aime réellement la photo à ce point. Comment ne pas l'aimer alors que l'australien est dessus? Il est déçu d'apprendre qu'il doit le quitter mais comme il promet de le recontacter, Haru décide d'y croire, précisant néanmoins:
Ce ne sont pas des photos de moi que je veux...
Il s'assure d'avoir le numéro de Eric, ainsi que son Instagram avant de le recondurie vers la sortie.
J'attends ton appel. Ne m'oublis pas.
Il ose lui faire un clin d'oeil avant de le regarder s'éloigner, l'estomac complètement à l'envers.
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