Ma mère adore me raconter ses histoires de voyage, et elle ne s’est pas gênée pour m’expliquer son parcours quand j’ai commencé à développer ma fibre du voyage. Née en Angleterre à Bristol, 2ème et dernière enfant de la famille. Elle a grandi dans cette ville, et a fait une partie de ses études à Londres où elle rencontré mon père.
Pendant ses études, ma mère est partie étudier un an en France, dans le sud. Le pays lui a beaucoup plu, et en revenant en Angleterre, alors qu’elle faisait des études de lettres modernes dans l’idée de devenir professeur, elle s’est totalement réorientée et a décidé d’étudier dans le domaine du voyage. Son rêve était tracé, elle voulait devenir guide anglophone en France. Heureusement pour elle, le soutien de mon père a été vraiment précieux : leur couple avait tenu la distance, et à force de venir la voir, il avait fini par tomber amoureux du pays aussi.
Une fois leurs études terminées, ils ont décidé de partir s’installer dans le Sud de la France. Et ils y sont restés. Ma mère a décroché un job de guide touristique auprès de l’office de tourisme, et mon père, lui, étant informaticien, cela n’a pas été dur de trouver du travail dans une entreprise locale.
Je suis donc née en France, de parents anglais amoureux de leur terre d’adoption. Depuis petite, je parle donc français et anglais à la maison. Si je n’ai pas d’accent particulier, dans aucune des langues, ma mère a un fort accent British so lovely, et mon père aussi.
En revanche, ils n’ont jamais souhaité agrandir la famille et je suis restée fille unique à mon grand désarroi. J’aurais bien aimé avoir un frère ou une sœur tiens ! Mais du coup j’ai appris tôt à être autonome, et ma créativité vient sûrement de là : il fallait bien occuper la pile électrique que j’étais déjà !
J’ai grandi sans manquer de rien mais sans être pourrie gâtée non plus. Quand je n’avais pas cours, il m’arrivait de me faufiler dans les groupes de touristes de ma mère pour écouter ses histoires. Elle avait toujours su maîtriser le story-telling ! Quant à mon père, je faisais souvent du sport avec lui, m’essayant à plusieurs disciplines sans savoir me décider. C’est au collège que je suis tombée amoureuse de la natation : quand toutes les nanas prudes niaisaient pour sécher les cours en prétextant qu’elles avaient leurs règles, moi je me jetais dans l’eau comme un poisson et pouvait y rester des heures. Bon par contre quand je les avais vraiment, je n’approchais pas l’eau d’un centimètre à l’époque, caprice d’ado oblige ! Alors que maintenant je m’en fous et ça me détend.
Mes années d’étudiante se sont déroulées sans encombre. Rien d’extraordinaire : j’ai eu des amies avec qui c’était comme chien et chat, merci mon fort caractère. J’ai vécu mes meilleurs moments de gloire comme mes pires défaites, comme tout enfant qui grandit.
La première chose qui a vraiment marqué un tournant dans ma vie fut l’arrivée au lycée : moi qui avais toujours eu un attrait pour les langues mais détestais l’espagnol car il n’y avait aucun challenge à l’apprendre, j’ai décidé d’apprendre une langue bien éloignée de la nôtre. A l’heure où tout le monde commençait à s’intéresser au Chinois car « après tout c’est une langue devenue importante en commerce et ça te servira blablabla », j’ai décidé de ne pas faire comme les autres et de tenter le Japonais. J’avais été pas mal bercée par la culture nippone pendant mon enfance de loin, entre les jeux vidéo et les manga à la télé, mais le pays ne m’avait jamais attiré plus que cela. Genre zéro curiosité, moi j’étais à fond sur le Canada et les pays Nordiques, donc rien à voir. Bref, deux lycées enseignaient le Japonais dans ma ville, et j’ai travaillé dur pour réussir les tests d’entrée, car les places étaient limitées et il fallait avoir un bon dossier. Heureusement pour moi, je m’en sortais bien et mes notes en langues ont joué en ma faveur.
J’ai donc passé mon bac de Japonais et mes études ont fait que je me suis totalement plongée dans cette culture. Mais je n’en connaissais que les clichés que la France pouvait véhiculer, même si mes professeurs japonais aidaient beaucoup à en démystifier certains. Tout naturellement, j’ai poursuivi mes études en langues à la fac afin d’avoir l’occasion de partir étudier sur place. J’aurais pu tenter le lycée mais j’avais un peu la flemme de lâcher mes potes et ma petite vie. Alors qu’à la fac je savais que j’allais être séparée de pas mal de monde et que ce serait un nouveau départ. C’est là que tu vois qui tient à toi ou non hein.
J’ai étudié trois ans en licence de langues étrangères appliquées, pour avoir des notions de business et peut-être un jour suivre les traces de ma mère dans le domaine du voyage. Grâce à elle, j’avais déjà pu cocher quelques pays dans ma liste, mais essentiellement en Europe. Le Japon était l’endroit le plus éloigné où je comptais me rendre. Ma mère et mon père ont été très fiers de moi quand j’ai été sélectionnée pour participer aux échanges universitaires organisés par mon établissement. J’avais bossé dur et fait des petits boulots pour préparer un budget, refusant de dépendre de mes parents qui m’avaient quand même un peu aidée. Ma mère était assez inquiète de me voir m’envoler si loin d’elle, mais elle était consciente que j’avais besoin de mon indépendance et elle était heureuse de voir que comme elle, je rêvais d’ailleurs. Et elle promit que si son emploi du temps le lui permettait, elle viendrait me voir sur place.
Du haut de mes 21 ans presque 22, je me suis envolée pour le Pays du Soleil Levant, seule, avec un niveau de Japonais assez solide puisque je l’avais étudié 6 ans, mais encore un peu bancal car c’est connu, le japonais scolaire ne vaudra jamais l’immersion totale, et je fais plein de fautes bêtes. En revanche je ne connaissais pas grand-chose de la culture, et, me being myself, je me suis émerveillée de tout et n’importe quoi toutes les dix secondes, je sens que j'ai épuisé mon entourage.
En parlant de partir seule, j'étais en couple au moment de partir et j'ai décidé de rompre sur un énorme coup de tête car la relation à distance c'est hors de question pour moi. Ma mère a géré un Toulouse-Londres mais un Toulouse-Tokyo je le sens pas perso. Mais bon, je crois que monsieur a pas vraiment kiffé mon choix, il m'en veut à mort et ne semble pas prêt à tourner la page ..
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Finalement, je n'ai jamais réentendu parler de mon ex (pour le moment), j'ai passé une année universitaire à Tokyo des plus riches en émotions et expériences. J'ai vécu en résidence, puis en colocation suite à des dégâts dans mon logement. J'ai pratiqué la natation, le kendo et autres sports japonais à l'université. J'ai fréquenté des garçons, des histoires sans lendemain, jusqu'à tomber sur un certain Kannon. Ce mec était différent des autres Japonais : il avait une grande gueule, pas froid aux yeux, et on s'est bien marrés ensemble. Je me suis plus attachée à lui que prévu et quand le retour en France a sonné, ce fut compliqué d'admettre que j'avais peut-être des sentiments pour lui.
Sachant que je voulais vivre un bout de temps au Japon car en un an, je n'avais pas exploré tout ce que je voulais, je me suis battue d'arrache-pied pour obtenir un visa de travail. Je suis d'abord revenue comme professeur d'anglais quelques temps et, m'étant découvert une passion certaine pour la photographie, j'ai fini au bout de quelques mois par décrocher un boulot à peu près stable en tant que photographe. Je shoote essentiellement la nature, les paysages, mais il m'arrive aussi de faire des portraits. J'ai continué de fréquenter Kannon un moment, nous avons décidé de former un couple. Atypique mais à peu près exclusif.
A un moment, j'ai fini par me lasser de Tokyo. J'avais envie de voir du neuf, moi qui aime constamment tout bouleverser dans ma vie. J'avais entendu parler de cette histoire de jeu bizarre qui se déroulait à Kyoto. Ca avait commencé en janvier mais les médias nationaux se sont emparés du sujet un peu plus tard, et moi, je ne regarde jamais les news alors j'étais totalement passée à côté.
Forcément, l'aventurière en moi a eu sa curiosité piquée au vif. Ce jeu faisait aussi peur qu'il m'attirait. Je voulais relever le défi. Kannon se faisait particulièrement distant depuis quelques temps, et je ne savais pas où notre relation en était. J'avais besoin de changer d'air, et si ça devait fonctionner entre nous, il viendrait sûrement me voir à Kyoto. Je lui ai tout de même laissé une lettre et des messages pour lui expliquer ma décision de voir de l'ailleurs, lâchant ainsi mon appartement dans la banlieue de Tokyo. J'ai réussi à m'arranger pour garder mon boulot à Tokyo, cela intéressait mes supérieurs que j'aille couvrir des reportages photo dans l'ancienne capitale, notamment pour tirer des portraits des participants au jeu. Puisqu'après tout j'avais l'intention de me faire repérer par Némésis. Il fallait juste que je rentre à la capitale une fois par mois pour faire le point sur mon travail. Parfait pour moi.
J'ai donc pris mes clics et mes clacs et suis partie à Kyoto en bus de nuit. Je viens juste de poser mes valises dans la ville au mois d'août, en pleine chaleur japonaise détestable. Je suis actuellement dans un AirBnb, en quête d'un toit sur ma tête. Moi qui voulais de la nature, je suis servie ! J'avais visité Kyoto une fois mais pas assez longtemps pour en profiter. Je suis désormais bien déterminée à participer au Jeu de Némésis, et une partie de moi espère de tout coeur que Kannon choisira de me rejoindre. Je suis quand même bien énamourée de ce jeune homme. Mais s'il tourne la page, je saurai faire de même, je ne suis pas du genre à me laisser abattre par la vie. J'ai hâte de voir toutes les surprises que cette nouvelle vie me réserve.
Game on
• Je voudrais publier un artbook de mes photos de paysages japonais.
• Je voudrais reprendre un art martial et m'y tenir à fond.
• Je voudrais réussir à terminer le jeu de Némésis.
• Je voudrais voyager à travers tout le Japon, dans les régions que je n'ai pas encore explorées.
• Je voudrais faire une journée en Kimono Walk à Kyoto (porter un kimono loué et se balader toute la journée avec).
• Je voudrais gagner un niveau quasiment natif en Japonais.
• Je voudrais que mes parents viennent me voir au Japon.
• Je ne veux pas me bourrer la gueule avec mon ou ma némésis, qui sait ce qu'elle pourrait trafiquer quand je baisse ma garde.
• Je n'ai pas spécialement envie de faire des activités banales comme du karaoké ou du bowling avec ma némésis, car ce sont des moments que je préfère partager avec mes proches.
• Je ne veux absolument pas voyager avec ma némésis, encore plus si cette dernière est casanière alors que moi j'ai la bougeotte. Je risquerais de péter un plomb.
• Je ne souhaite pas faire des activités qui pourraient s'apparenter à un date avec ma némésis.
• Je déteste les activités trop calmes ou planplan au possible, alors les trucs de type cérémonie du thé ou ultra statiques, très peu pour moi.
Bucket List
Sans ma némésis
• Cela peut paraître paradoxal pour l'électron libre que je suis, indépendante, mais j'ai peur de la solitude. Je serais malheureuse de finir ma vie seule, sans famille ou amis à mes côtés. Mais je n'en parle jamais.
• J'ai peur de perdre les gens que j'aime. Je n'ai encore jamais eu l'occasion de faire face au deuil et je ne sais pas comment je pourrais gérer cela.
• Je n'aime pas du tout me retrouver sur un pont, encore plus si ce dernier est mobile et que je me sens trembler. Je n'ai pas particulièrement le vertige mais ça, c'est non.
• Je ne peux pas vivre sans la natation. Je vais à la piscine au moins une fois par semaine, sauf quand je suis en voyage, ou malade.
• Je suis une pile électrique, je suis toujours en constante activité. J'ai besoin de faire des choses qui bougent, qui me challengent, qui me stimulent. Je n'aime pas les activités trop calmes.
• Passionnée de photo depuis que je suis au Japon, il ne se passe pas une journée sans que je m'arrête toutes les dix secondes pour photographier quelque chose qui m'a attirée. Que ce soit avec mon smartphone ou avec mon appareil photo, même combat.
• Je suis un peu une media addict, et je passe beaucoup de temps sur Instagram, Twitter et autres réseaux sociaux. Mon rituel du matin : glander sur mon téléphone avant de démarrer ma journée. Pareil le soir avant de dormir, même si je travaille dessus car je sais que ce n'est pas bien.
Blocages
Essentiels
Les souvenirs
• Mes souvenirs d'enfance avec mes parents. Ils sont ce que j'ai de plus cher. Les moments à squatter les visites guidées de ma mère ou à faire du sport avec mon père.
• Les histoires de ma mère sur son enfance en Angleterre, sa rencontre avec mon père, son amour pour la France.
• Mon histoire avec mon ex et celle avec Kannon. Ce sont les deux seules relations sérieuses que j'ai eues dans ma vie et elles ont forgé celle que je suis maintenant.
• Les ami(e)s que je me suis fait(e)s au Japon et avec qui je suis encore en contact pour certains.
• Ma capacité à parler trois langues. Les langues sont ma force et ma bouffée d'air frais, en oublier une me mettrait au fond du trou.
• Ma première année au Japon, celle qui m'a fait grandir.
• Mon coup de coeur pour la natation lorsque j'étais au collège. Je ne pourrais pas vivre sans nager.