OOTD - Parfois, il arrivait que Kamon reste à son travail toute la nuit afin de s'assurer que la nouvelle collection de vêtements soit prête pour le lendemain et à chaque collection, c'était toujours le même rituel. Il oubliait de se nourrir, carburait au café et demandait à toute son équipe de rechecker si tout convenait. Le sommeil ? Il n'y songeait même pas. Des cernes s'étaient donc nichées sous ses yeux et sa peau ressemblaient à de la porcelaine. Bien qu'il est un acharné, Kamon savait tout de même remercier toute son équipe en leur offrant un bon petit déjeuner. Si tout le monde était en train de déguster viennoiseries et autres sucreries, ce ne fut pas le cas de notre bourreau de travail.
Situé dans son bureau, loin du vacarme, il vérifia que l'agenda correspondait bien à ce qu'il attendait. Un soupir de satisfaction s'échappa d'entre ses lèvres pendant qu'il calla son dos contre son siège. - Tout est parfait Kamon, tu peux enfin rentrer. Il rêva de son lit douillé ou d'un bon bain chaud. Et dire qu'il ne s'était pas changé depuis la vieille. Lui qui aime être propre sur lui, il vint à se dégoûter. Il rassembla le peu d'énergie pour sortir de son siège dans le but de saluer ses collaborateurs avant de prendre le chemin du retour. Cependant, lorsqu'il pointa le bout de son nez vers la table où se situa le petit-déjeuner, il ne resta plus grand-chose. Notre homme grimaça. - Tant pis, tu te consoleras avec autre. De toute manière, il savait que la pâtisserie dont il raffole se trouve sur son chemin. Il partit avec le sourire. Comme convenu, il récupéra son péché mignon sur la route. Il s'est même permis d'aller faire deux trois courses, du moins c'est qu'il avait envisagé quand son regard s'était orienté sur le panneau de la supérette. Il ressortit du magasin avec les deux mains chargées.
Une fois dans l'immeuble, il monta les escaliers tel un équilibriste. En effet, il avait les deux mains prises et la pâtisserie coincée entre ses lèvres. - Si tu croques dedans, c'est foutu. Celle-ci était si fragile. Il arriva sur le palier et tomba nez à nez avec un individu, un homme qu'il n'a jamais croisé dans le coin. Sa surprise fut telle, qu'il finit par croquer sa pâtisserie. Dans sa chute, elle peigna son chemisier blanc de marque pour atterrir ensuite sur son beau nappage. - Merde !
Milo est très rarement tête en l'air : il n'a pas vraiment l'habitude d'oublier des choses chez lui, surtout lorsqu'il s'en va travailler à la pâtisserie. Pourtant, le voilà qui a été obligé de rentrer chez lui en plein milieu de ses horaires de travail pour récupérer quelque chose qu'il a malencontreusement oublié dans son appartement. Il s'est insulté des dizaines de fois, autant mentalement que par quelques murmures que seul lui peut entendre, dans son français natal. Comment a-t-il pu oublier quelque chose, lui qui est habituellement si ordonné ? Pour sa défense, il a la tête ailleurs. Ces histoires de Némésis et de cartes ne le rassurent pas des masses, surtout avec la possibilité de perdre des souvenirs qu'on leur fait miroiter au nez en guise de menace. Et ça marche, Milo est angoissé par tout ça. C'est donc la tête pleine qu'il sort de son appartement pour la seconde fois cette journée-ci, filant dans les couloirs en continuant de se flageller mentalement.
Il est tellement concentré dans sa propre tête -et habitué à ne croiser personne dans les couloirs de son immeuble aux heures habituelles auxquelles il le quitte- qu'il ne se rend pas compte que quelqu'un d'autre arrive face à lui au détour des escaliers. Le canadien s'apprête à dévaler les marches avec empressement, se projetant déjà dehors dans les rues de Kyoto... Mais non. Au moment d'emprunter la première marche, il se retrouve face à quelqu'un qui a les bras pleins. Tous deux semblent se figer une seconde avant l'impact entre leurs deux corps, mais ce n'est pas le cas de la pâtisserie qui se trouvait dans la bouche de l'autre homme. Milo s'immobilise comme un cerf face aux feux d'une voiture, observant la scène qui se déroule sous ses yeux au rythme effréné de son coeur qui bat de surprise.
Il lui faut quelques secondes avant de réaliser tout à fait ce qu'il vient de se passer, aussi finit-il enfin par se mettre en mouvement. Il recule d'un pas pour laisser de l'air à l'autre homme. - Merde. Ne peut-il s'empêcher d'échapper, en français parce que c'est son premier reflex. Finalement, il réalise ce qu'il vient de se passer, et son japonais pas encore très sûr de lui embraye. Je suis désolé, laissez moi vous aider. Habituellement il ne s'inquièterait peut-être pas tellement de ce qu'il a bien pu se passer, mais il faut dire qu'il est tout de même à moitié en faute dans cette histoire. Sans compter que les vêtements de l'autre homme semblent de très bonne facture, et qu'on parle de pâtisserie. De quoi attirer notre homme à être un peu sympa, au lieu de filer sans un mot pour retourner à sa petite vie.
Milo tapote ses poches à la recherche d'un mouchoir. Lorsqu'il en trouve un, il s'abaisse pour récupérer la nourriture qui s'est retrouvée au sol... avant de se rendre compte qu'il s'agit là d'une des spécialités de la pâtisserie où il travaille. Le même genre de choses qu'il passe une bonne partie de sa journée à confectionner. - Je vois que vous connaissez l'endroit où je travaille ! S'enquit-il en se redressant, soudain tout sourire. Il finit par enfin prendre le temps de vraiment détailler l'autre homme et il ne peut s'empêcher de se dire qu'il lui dit quelque chose... Sans trop savoir pourquoi. J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part... Mais où ? Quand ? Pourquoi ?
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